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Par abécé le 6 Février 2020 à 05:59
Notre Maison
Je te ferai une montagne
Avec des nuages mousseline
Je poserai une maison en bois
Dessus
Tout autour des sapins
En habits du dimanche
Le paysage sera repassé
De frais
Et les prés tirés à quatre épingles
En bas il y aura un village
Reposé de son histoire
La nuit marchera sur le toit
Et je m’endormirai près de toi
Au chaud de notre amour
Joël Sadeler (Le Passé intérieur)(pour en savoir plus sur lui, cliquez sur son nom)
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Par abécé le 28 Janvier 2020 à 05:04
Écoute la voix du vent
De l’aquilon au zéphyr
Bercé par leur chant
Et leur voix qui respire
Entends leurs hurlements
Comme leurs longs soupirs !
Écoute la voix du vent
De l’alizé à la brise
Charmé par leurs élans
Et leur souffle qui grise
Entends leurs chuchotements
Comme leur rude bise !
Écoute la voix du vent
Du noroît au vent d’autan
Bousculé par leur tempérament
Et l’ardeur de leurs emportements
Entends leurs appels déchirants
Comme leurs murmures consolants !
Écoute la voix du vent !
ABC
(rediffusion, alors que la nuit tombe et que le vent souffle fort)
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Par abécé le 23 Janvier 2020 à 07:37
Fanfan tient la barre du navire et pour finir sa quinzaine nous demande de mettre Victor Hugo à l'honneur
J'ai choisi le dernier paragraphe des Pauves gens,
"...............................
L’homme prit un air grave, et, jetant dans un coin
Son bonnet de forçat mouillé par la tempête :
« Diable ! diable ! dit-il, en se grattant la tête,
Nous avions cinq enfants, cela va faire sept.
Déjà , dans la saison mauvaise, on se passait
De souper quelquefois. Comment allons-nous faire ?
Bah ! tant pis ! ce n’est pas ma faute. C’est l’affaire
Du bon Dieu. Ce sont là des accidents profonds.
Pourquoi donc a-t-il pris leur mère à ces chiffons ?
C’est gros comme le poing. Ces choses-là sont rudes.
Il faut pour les comprendre avoir fait ses études.
Si petits ! on ne peut leur dire : Travaillez.
Femme, va les chercher. S’ils se sont réveillés,
Ils doivent avoir peur tout seuls avec la morte.
C’est la mère, vois-tu, qui frappe à notre porte ;
Ouvrons aux deux enfants. Nous les mêlerons tous,
Cela nous grimpera le soir sur les genoux.
Ils vivront, ils seront frère et sœur des cinq autres.
Quand il verra qu’il faut nourrir avec les nôtres
Cette petite fille et ce petit garçon,
Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson.
Moi, je boirai de l’eau, je ferai double tâche,
C’est dit. Va les chercher. Mais qu’as-tu ? Ça te fâche ?
D’ordinaire, tu cours plus vite que cela.- Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà ! »
Victor Hugo, La Légende des siècles, 1859.
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Par abécé le 20 Janvier 2020 à 06:01
Fanfan tient la barre du navire et pense que nous pouvons sans impunité parodier Corneille,
en complétant les trous béants qu'elle a osé creuser dans la tirade de Don Diègue
Ô sujet ! Ô désespoir ! Ô consigne ennemie !
N’ai-je donc tant écrit que pour cette mascarade ?
Et ne suis-je entrée dans les travaux de la quinzaine
Que pour souffrir en un jour pareil tant de clownerie ?
Mon bras, qu’avec sa main experte toutes mes feuilles blanches admire,
Mon art qui tant de fois a franchi cette corvée
Tant de fois affermi le navire de son humour
Trahit donc ma plume, et ne fait rien pour moi ?
Ô tendre souvenir de ma réputation passée !
Écrits de tant de jours en un jour gommés !
Nouvelle imposture, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d’où tombe mon orgueil !
Faut-il de votre indifférence voir triompher le charabia,
Et griffonner sans vengeance, ou vivre dans la déchéance ?
Fanfan, sois de mon avenir à présent juge :
Ce haut rang n’admet point une femme. sans compassion
Et ton jaloux clin d’œil, par cette quinzaine insigne,
Malgré le choix du thème, m’en a su rendre mesquine.
Et toi, de mes exploits misérable instrument,
Mais d’un mot tout de lettres inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette consigne
M’as servi d’escabeau, et non pas de trône,
Va, quitte désormais le navire des croqueurs,
Passe, pour me soulager, en de tout autres mains.ABC
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Par abécé le 16 Janvier 2020 à 10:02
Fanfan tient la barre du navire et pour les jeudis poésie nous replonge dans nos années collège et lycée :
Le texte est tiré d'Athalie de Jean Racine, acte II, scène 5
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
« Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi.
Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi.
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables,
Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
Et moi, je lui tendais les mains pour l'embrasser.
Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.Jean Racine
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