• Lettre au Père Noël : 

    Fanfan tient la barre du navire et pense que nous pouvons sans impunité parodier Corneille,

    en complétant les trous béants qu'elle a osé creuser dans la tirade de Don Diègue

     

    Ô sujet ! Ô désespoir ! Ô consigne ennemie !
    
N’ai-je donc tant écrit que pour cette mascarade ?
    
Et ne suis-je entrée dans les travaux de la quinzaine

    Que pour souffrir en un jour pareil tant de clownerie ?
    Mon bras, qu’avec sa main experte toutes mes feuilles blanches admire,

    Mon art qui tant de fois a franchi cette corvée

    Tant de fois affermi le navire de son humour

    Trahit donc ma plume, et ne fait rien pour moi ?

    Ô tendre souvenir de ma réputation passée !
 
    Écrits de tant de jours en un jour gommés !

    Nouvelle imposture, fatale à mon bonheur !

    Précipice élevé d’où tombe mon orgueil !
    
Faut-il de votre indifférence voir triompher le charabia,
    
Et griffonner sans vengeance, ou vivre dans la déchéance ?
    
Fanfan, sois de mon avenir à présent juge :
    
Ce haut rang n’admet point une femme. sans compassion

    Et ton jaloux clin d’œil, par cette quinzaine insigne,
    
Malgré le choix du thème, m’en a su rendre mesquine.
    Et toi, de mes exploits misérable instrument,

    Mais d’un mot tout de lettres inutile ornement,

    Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette consigne
    
M’as servi d’escabeau, et non pas de trône,
    
Va, quitte désormais le navire des croqueurs,

    Passe, pour me soulager, en de tout autres mains.

     

    ABC

     


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  • Lettre au Père Noël :

     

    Fanfan tient la barre du navire et pour les jeudis poésie nous replonge dans nos années collège et lycée :

     

    Le texte est tiré d'Athalie de Jean Racine, acte II, scène 5

    C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
    Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
    Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
    Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
    Même elle avait encor cet éclat emprunté
    Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
    Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
    « Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi.
    Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi.
    Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
    Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables,
    Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
    Et moi, je lui tendais les mains pour l'embrasser.
    Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
    D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
    Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
    Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.

    Jean Racine


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  •  

    J'habite les Hauts de Hurle-vent

    il souffle

    il tempête

    décoiffe, bouscule, désarticule

    l'arbre craque

    tout patraque

    maison de paille

    s'éparpille

    maison de bois

    s'écroule

    comme château de cartes

    ma maison n'est pas de briques

    en épousant le vent

    elle joue au cerf-volant

    derrière ses vitres

    tout tangue, tout se balance

    drôle de danse

     

    j'habite les Hauts de Hurlevent

    il gémit

    il hurle

    rage , s'enrage, déménage

    tandis qu'il s'époumone

    lentement je fredonne

    berceuse du vent

    berceuse d'antan

    appel au calme

    en sa colère

    quelque part

    il charme

     

    J'habite les Hauts de Hurle-vent

    assurément

    c'est envoutant !

     

    ABC


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  • Pour le thé ou café du jour d'Ecureuil bleu :

     

    Thé ou café n°114, les godillots :

    Chaussure :

    Je suis chaussure,
    Ni chausson,
    Ni sabot,
    Ni sandale,
    Pas moins botte,
    Que pompe,
    Ou tatane,
    Non, chaussure,
    Simple chaussure,
    Cherchant avec angoisse chaussure à mon pied,
    Comment être chaussure sans être paire ?
    J’ai rencontré un soulier,
    Bien trop cultivé,
    Ai fréquenté un escarpin,
    Refusant ma main,
    J’ai essayé une godasse,
    Tellement fadasse,
    Une vieille pantoufle,
    À bout de souffle,
    Un mocassin,
    Pas bien malin,
    Moi qui suis chaussure,
    Basse, fermée et dure,
    Pourquoi ne m’avez-vous pas fabriquée,
    Montante, ouverte et souple
    Pour vivre en couple ?

    ABC

    (reprise d'un ancien texte que j'aime bien)


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  • Brumes nostalgiques :

     
    À l'aube de l'espérance
    La brume se lève
    déchirant le voile
    de trop lourdes souffrances
     
    À l'aube de la joie
    les larmes tarissent
    naissance d'un sourire
    dans la grisaille des jours
     
    À l'aube de l'amour
    un champ de silence
    pour cueillir en son cœur
    le fragile parfum du bonheur

     

    Brumes nostalgiques :

     

    ABC

    (réédition)


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