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Fausse Rustine :
Tout petit déjà, implicitement, il le savait, il le sentait, sans pouvoir ni l’exprimer, ni l’expliquer… Il connaissait les bruits de couloir, les murmures derrière son dos, les regards compatissants :
« Il est beau, mais… »
« Il est secret, pas vraiment de sa faute, il paie la facture comme la fracture… »
« Il est à plaindre, le pauvre… »
Il était seul surtout, jour après jour, seul… Les grands étaient grands. Les grands avaient quitté le logis. Ils avaient eux-mêmes leurs petits…
Lui, était petit, face à quelques jouets, entouré d’un silence pesant. Il y avait bien Dame Nounou pour assurer le quotidien et offrir quelques câlins, son ours en peluche pour les confidences… Que dire de ses parents qui brillaient par leur absence ? Parfois le soir, il avait le droit à un bref bonsoir, un intérêt rapide pour sa journée, juste comme un rappel de sa propre présence…
Plus tard, beaucoup plus tard, intuitivement il comprit, avoir été le tardillon, la tentative d’une illusoire repentance d’un amour vacillant cherchant, en vain, à recoller des souvenirs évanouis… Il s’étiqueta, lui-même, mauvaise rustine, fausse béquille, dommage collatéral d’une fâcheuse alliance.
Il en prit son parti, vécu en célibataire solitaire, derrière sa pipe et un ballon de rouge, engoncé dans son éternel veste en tweed…
Les bruits de couloir, les murmures derrière son dos, les regards compatissants, finirent par s’estomper. Au fil du temps de moins en moins de gens connaissaient son histoire… Dans le village, il restait le brave garçon, ni vraiment bon, ni vraiment méchant, la faute à pas de chance, celui que les voisins saluaient avec indifférence…
Lui, savait qu’il n’aurait pas pu offrir l’amour qu’il n’avait, qu’il n’a jamais reçu… Il mourut, entre parenthèses, un banal soir d’hiver, seul, comme il avait toujours vécu.ABC
Autres participants (lien avec leur site, certains publient le vendredi) :
Jill Bill
Colette
Zazarambette
Martine Martin
Fabrice
Jeanne Fadosi
Prochain thème à publier le samedi 12 mars 2022 sur votre blog :"Les cigogneaux s'envolent, mais heureusement la Cigogne reste"
(petite explication, notre point de rencontre à Panissières est au bar restaurent "la cigogne"
les propriétaires et gérants viennent de changer, ce sont les anciens gérants qui ont donné le thème avant de partir.)Comme d'habitude, merci de me prévenir avant le vendredi 11 mars à 18h de votre participation
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Commentaires
1Martine MartinSamedi 12 Février 2022 à 05:50L'histoire de cet homme m'a profondément pour avoir été une rustine pour ma mère celle de mon grand frère mort à la naissance, une mauvaise rustine car j'étais une fille. Bon week-endRépondreL'enfant rustine est-ce une solution à un marige qui bat de l'aile mais continue sa route..... texte émouvant !
Désolée
J'ai complètement oublié
Pour ce faire
Une p'tite citation de
Marc Monnier : " Les âmes vraiment pures n'attendent pas le péché pour se repentir"
Merci à toi pour ce moment de lecture
Bonne journée
une histoire bien triste, le grand mot d'aujourd'hui est "résilience" se remet-on jamais d'un grand d'amour? bises et bonne journée
Très belle histoire , tellement vraie ! Combien d'actes irréfléchis ont gâché la vie de nombreux enfants ! Et la société en rajoute une couche par son comportement !
J'aime beaucoup , on sent la tristesse et la fatalité tout au long du récit. Il aurait bien fait de s'envoler dans la soucoupe dans un beau ciel bleu !
Belle journée, bises Annick
Bonjour Annick et bravo pour la réussite de cette histoire touchante au possible. Tout un chacun garde en soi une part plus ou moins grande de cette solitude enfouie depuis l'enfance... Je connais !
Bon week-end.
Annie
Très émouvante histoire qui m'a beaucoup émue...
Quand mon petit frère est décédé moi j'avais cinq ans, mes parents m'ont un peu oubliée surtout quand ma sœur est arrivée deux ans plus tard..."un don de Dieu" disaient-ils... Bon, ils m'aimaient bien mais il y avait un vide qui brisait tout... Quand j'ai eu des enfants, on s'est rapproché, on a parlé on a compris les uns et les autres tous non-dits... mais malgré les pardons, il y a des blessures qui restent...
le conte est émouvant et si triste, quand on sort de la soi disant normalité, la vie se complique.
Quelle émouvante et triste histoire de cet homme, Annick !!! Bonne poursuite de ce samedi. Amitié ♥
ne histoire bouleversante que celle de cet homme qui a du bien souffrir du manque d'amour. Bisous doux weekend
Parfois, les couples cherchent à recoller des morceaux cassés en cédant à l'illusoire (je trouve) enfant-rustine... À travers ton texte, on comprend que ça ne peut pas toujours fonctionner. Et ça peut surtout avoir des conséquences durables. L'amour doit rester authentique en toute circonstance, y compris quand on fait un enfant, lequel doit rester le fruit de l'amour, non une béquille.
Texte poignant.
Je m'en vais découvrir les autres participations. Bises et bon dimanche, Annick.
Fabrice
Une histoire émouvante et terrible ! j'ai évité cela ayant bénéficié de beaucoup d'amour et n'ayant surtout pas remplacé l'absent dont la photo trônait sur le buffet de la salle à manger.
Je ferai un p'tit quelque chose, Annick, pour ce vendredi 12 mars ... amitiés
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Vendredi 11 Mars 2022 à 21:49
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Coucou Annick,
Voici ma participation au thème que tu as proposé pour le mois de mars.
https://zazarambette.fr/le-nid-des-mot-de-mars-2022/
Bises et bon vendredi - Zaza
Ma participation : https://quaidesrimes.over-blog.com/2022/02/les-cigognes-de-bourg-en-bresse.html
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