Les Damoiselles :

Publié le 9 Décembre 2024

Secret d'étang :

 


                                                   Photo ABC

 

De génération en génération, en cette ferme se conte et se raconte l’histoire de deux sœurs. Jumelles ou pas, personne ne s’en souvient plus très bien. Il semblerait qu’elles avaient quelques mois de différence, juste le temps nécessaire pour qu’un enfant succède à un autre enfant. Ainsi allait les jours de femmes dans les logis d’autrefois. La mère chez sa belle-mère dans l’exploitation du beau-père où travaillait le père...
Nourrir la maisonnée, l’entretenir, offrir une descendance, la basse-cour en héritage, sans autre perspective que le changement de rythme avec celui des saisons.
Les deux sœurs, seules filles parmi une demi-douzaine de garçons, étaient inséparables. Les confondant toujours et mélangeant leur prénom, les gens d’ici parlaient d’elles comme les oiselles.
Les oiselles, deux pipelettes sautillantes qui couraient la campagne, sans se soucier, ni des travaux ménagers, ni des rires des garçons espiègles les poursuivant de leurs balourdises...
Les oiselles, deux voix chantantes qui résonnaient à la ferme, à l’écurie, dans les granges, sans que personne ne sache jamais où elles iraient fouiner...
Les oiselles, les deux premières qui refusèrent le mariage, la belle-mère, les bambins et les corvées... Les garçons se détournèrent des travaux agricoles, allant chercher en ville un autre avenir. La place étant libre, elles devinrent maîtresses à bord, entretenant, cuisinant, randonnant à pieds ou à cheval... Pionnières du tourisme à la campagne, elles aménagèrent les lieux, avec succès, en gîte d’étape.
Les années passant, oiselles elles furent, oiselles, elles restèrent, seul leur surnom évolua en Damoiselles. Toute leur vie, indissociables, sous le même toit, ici elles naquirent, ici elles moururent.
De nos jours, il se dit, au village, qu’en cette ferme-là les Damoiselles rodent et furètent toujours... Personne n’y croit, mais tout de même... Les gens qui y vivent racontent, à qui veut bien s’y fier, que, la nuit, elles font régulièrement l’inventaire des lieux. Oui, Ils en sont persuadés, et moi-même je les ai vues, silhouettes diaphanes, un matin de grand froid, derrière une vitre du rez-de-chaussée... Une simple preuve photographique et la légende Damoiselles rebondit. Les langues n’ont pas fini de conter...

oiselles fantômes
en la ferme d’autrefois –
les vitres témoignent

ABC

Rédigé par abécé

Publié dans #herbier-poesie-c29279954

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O
hello<br /> de passage, je salue l'image.
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C
Une belle histoire, très joliment racontée. J'espère pour ces demoiselles qu'elles sont bien parties. Il y a tant à découvrir là où elles sont. Gros bisous
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A
Bonjour Annick et bravo pour ce conte à écouter en cette période au coin du feu comme par le passé !<br /> Amicalement.<br /> Annie
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M
Bonjour Annick,<br /> <br /> Ta photo est si riche d'originalité et de mystère qu'elle a magnifiquement inspiré tout le monde. Ton histoire est vraiment super! bravo!<br /> Bises<br /> :)
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A
Une belle histoire indépendance plus courante que ce que l'on pourrait croire. Dans le village il y avait deux sœurs pâtissières, deux sœurs qui tenaient un restaurant . bises et bonne soirée
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J
Une histoire ou un conte tout se peut ...elles resteront éternelles des Demoiselles !
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E
Tu racontes bien un passé qui n'existe plus, car les jeunes couples vivent ailleurs que chez les parents ou beaux parents. Mais ma belle mère et mon beau père, mariés en 1949, ont vécu chez les parents de mon beau père au début de leur mariage. D'ailleurs mon mari, l'aîné, disait à l'école qu'il vivait chez sa grand mère. J'ai connu aussi des dames, dans les années 50, vieilles filles, qui vivaient ensemble depuis toujours. Bonne semaine, bises
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B
J'ai connu dans mon enfance deux demoiselles inséparables, presque soeurs jumelles, vivant dans une grande ferme et se déplaçant avec un attelage conduit par un cheval de trait. Originales bien sûr pour les gens du village, surtout qu'elles habitaient le château. <br /> Ainsi naissent d'étranges histoires, parfois incroyables ou absurdes mais qui alimentaient les veillées.<br /> C'est ton récit très imagé qui m'a rappelé ce souvenir d'enfance.<br /> <br /> Merci pour ton beau poème sur la vie des fleurs
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A
J'avoue, je les aime bien tes oiselles amoureuses de leur vie. Et si ton texte, sur la page de l'herbier, fut elle aussi fort indépendante à dépasser les marges, ce que j'ai constaté ce matin, j'ai rétabli le tir.
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Z
Un très beau conte pour commenter ton illustration Annck, j'ai aimé<br /> Bises et bon début de semaine - Zaza
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S
joli conte nostalgique, les oiselles ont posé leurs ailes derrière ces fenêtres et on ne peut les oublier...
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M
J'aime ton histoire, une histoire qui nous parle de ce passé qui a évolué au fil des ans... un conte sur lequel je pourrais mettre des noms sur ces "damoiselles" leurs parents et grands-parents... et même la ferme où vivaient plusieurs générations sous le même toit... Bravo pour ce bel écrit... La photo t'a vraiment bien inspiré...
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G
Un texte entre histoire et modernité! Fort bien tourné, on aurait envie d'en lire le roman, un peu déçue que le conte s'arrête si vite. Du beau travail, fait pour nous ravir... Merci!
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M
Que cherchent-elles ces oiselles Annick ! Belle idée, originale, bravo !<br /> Sais-tu qu'une jeune postière alors que je lui avais dit "merci Mademoiselle", m'a répondu : On ne dit plus Mademoiselle, j'en suis restée pantoise et il ne m'est pas venu à l'idée de lui dire que je trouvais l'idée choquante... Souvent j'ai l'impression de vivre dans un autre monde nivelé par le bas...<br /> Qui doit nous dire comment on doit parler ?<br /> Bises du matin
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J
Si poétiquement contée cette réalité pas si rare ...
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M
Tu as su par ton conte si bien écrit que j'ai pris plaisir a lire faire ressortir le côté étrange de ta photo. Bravo. Belle semaine
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R
Intrigues et histoire de vie alimentant les veillées au coin du feu <br /> Que se dit-on de nos jours pas grand chose hélas ... <br /> Bonne journée<br /> Bises
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C
C'est tout à fait MAGNIFIQUE, Annick !!! J'aime beaucoup, beaucoup !!! C'est merveilleusement bien raconté ! Bonne semaine. Amitiés
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J
Quelle belle histoire, du genre contée aux veillées, merci ABC, merci... jill
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L
J'adore ton conte des Damoiselles visitant leur demeure les jours d'hiver...<br /> Bonne journée
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