Combler les trous, défi n°230 :
Publié le 16 Janvier 2020
Fanfan tient la barre du navire et pense que nous pouvons sans impunité parodier Corneille,
en complétant les trous béants qu'elle a osé creuser dans la tirade de Don Diègue
Ô sujet ! Ô désespoir ! Ô consigne ennemie !
N’ai-je donc tant écrit que pour cette mascarade ?
Et ne suis-je entrée dans les travaux de la quinzaine
Que pour souffrir en un jour pareil tant de clownerie ?
Mon bras, qu’avec sa main experte toutes mes feuilles blanches admire,
Mon art qui tant de fois a franchi cette corvée
Tant de fois affermi le navire de son humour
Trahit donc ma plume, et ne fait rien pour moi ?
Ô tendre souvenir de ma réputation passée !
Écrits de tant de jours en un jour gommés !
Nouvelle imposture, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d’où tombe mon orgueil !
Faut-il de votre indifférence voir triompher le charabia,
Et griffonner sans vengeance, ou vivre dans la déchéance ?
Fanfan, sois de mon avenir à présent juge :
Ce haut rang n’admet point une femme. sans compassion
Et ton jaloux clin d’œil, par cette quinzaine insigne,
Malgré le choix du thème, m’en a su rendre mesquine.
Et toi, de mes exploits misérable instrument,
Mais d’un mot tout de lettres inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette consigne
M’as servi d’escabeau, et non pas de trône,
Va, quitte désormais le navire des croqueurs,
Passe, pour me soulager, en de tout autres mains.
ABC