Anthony Doerr : « Toute la lumière que nous ne pouvons voir », traduction de Valérie Malfoy, Roman, prix Pulitzer 2015.
Bien que se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, ce roman n’est pas vraiment classable come un roman de guerre habituel.
En touches successives de chapitres courts, nous rentrons dans deux univers parallèles. D’un côté, celui de Marie-Laure aveugle depuis l’âge de six ans et vivant à Paris, avec son père, serrurier en chef du Muséum d’Histoire Naturelle. De l’autre, celui de Werner, jeune allemand élevé avec sa sœur Jutta, dans un home d’enfants orphelins, par Frau Elena, religieuse protestante d’origine alsacienne qui les aime profondément.
La guerre va amener Marie-Laure et son père à fuir précipitamment Paris pour aller vivre chez un oncle à Saint Malo… Werner, très doué intellectuellement et attiré par le domaine scientifique va être enrôlé dans une école hitlérienne, puis dans le feu de la guerre au service du nazisme contre la résistance russe, puis française. Leurs deux parcours vont se rejoindre à la fin de la guerre à Saint Malo.
Ses deux enfants qui grandissent privés, chacun à sa façon, de lumière, donnent une très poignante leçon de vie, mélangeant la terrible réalité de la guerre avec un monde d’imaginaire et de rêves imprégné de la lecture de Jules Verne.
Un excellent roman, à la fois sombre et lumineux, permettant, une réflexion profonde sur la nature des hommes en temps de guerre.
J’ai beaucoup aimé.
Leïla Slimane : « Chanson douce », prix Goncourt 2016.
La chanson n’est pas si douce que cela. Louise est embauchée comme nounou par Myriam et Paul pour garder leurs deux enfants, Mila et Adam, rue d’Hauteville dans le dixième arrondissement de Paris (quartier bobo). Louise est blanche et a de très bonnes références. Myriam est tout de suite conquise et pense pouvoir enfin se donner à fond à sa carrière d’avocate. Paul, dans un premier temps, se laisse convaincre aussi et se consacre à fond à son boulot d’impresario…
Tout va s’accélérer dans la vie du jeune couple comme dans l’emprise captative de Louise sur l’ensemble de la famille… Louise a aussi son passé et la réalité de sa vie qu’elle aimerait masquer et même oublier, que l’on découvre petit à petit, mais qui la rattraperont de façon implacable, pour, dans une ambiance de plus en plus pesante conduire au drame.
Les personnages sont bien décrits en une caricature un peu poussée à l’extrême. Le rythme du roman est soutenu, voire angoissant. Son thème correspond bien à la vie de beaucoup de jeunes parents d’aujourd’hui.
L’énorme décalage entre le titre du roman et son histoire m’a surprise brutalement dés le premier chapitre.
ABC