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Où es-tu ?
Doris Salcedo Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de ChicagoLe lendemain elle allait fêter ses cinq ans, sa mère n’avait pas encore trente ans.
Bruit de bottes
et pas dans l’escalier –
sans au revoir
Au retour de l’école, il n’y a plus personne :
- Maman, où es-tu ?
Il ne lui reste d’elle qu’un vague souvenir d’une paire de chaussures qu’elle avait, comme tant d’autres petites filles, un jour, empruntée pour esquisser des pas de dame, au milieu du séjour, en essayant de ne pas se tordre les pieds.
Sa mère :
Tenant debout
en escarpins
toujours
ultime signature
de sa féminité
Au fond de son cœur une éternelle question :
- Maman, où es-tu ?
ABC
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Commentaires
1Martine MartinVendredi 23 Mars 2018 à 06:24Très émouvant. BisousRépondreDe très beaux mots épurés émouvants et tristes: vagues souvenirs d’enfant flous comme cette photoUne période qu'on ne peut oublier et que ton récit évoque bien.
Beaucoup d'émotion en te lisant.
Passe une douce journée ABC. Bisous.
Un texte qui tire les émotions du coeur et des yeux. Une Maman qui disparaît, c'est comme une part d'ombre qui reste éternellement sur le coeur. Bises alpines affectueuses.
C'est très beau ce bruit de bottes barbare associé au souvenir de ces jolis escarpins, symboles de douceur et de féminité. Tant d'atrocités encore et toujours sur cette pauvre terre. Bises et bonne journée
Un texte émouvant qui nous renvoie à un passé que l'on aurait cru révolu. Un texte qui fait écho à la panique d'un enfant de 3 ans de voir partir sa maman, simplement à cause de l'angoisse contagieuse d'une carte de séjour à renouveler et de l'argent qui manque pour en payer le timbre fiscal.
Combien d'enfants, en ce moment, dont la mère "disparait" ainsi sans avoir le temps de ...?
13SimenonVendredi 23 Mars 2018 à 15:33loin notre enfance et ma mère ; je me souviens uniquement des chaussures que ma soeur ne voulait pas mettre ; elle devait avoir 5 ans et elle pleurait ...
enfin ma mère regarda, une guêpe était dans la chaussure et avait piqué le pied de ma soeur.
Bonne soirée et merci pour ton texte émouvant.
Combien de cruautés, de familles déchirées et d'enfants perdus devant ce vide effroyable de la disparition d'un parent! La petite fille gardera pour toujours cette blessure immense.
Merci pour ce texte poignant, hélas toujours d'actualité dans quelque coin du monde.18MartineLundi 26 Mars 2018 à 09:14Beau et très émouvant en même temps.
Rien ajouter au commentaire de Balaline. Même pensée.
Bisous
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